Artisanat d'art

Émail sur cuivre

Au mois de juillet 2017, un stage chez Emmanuel Maisonnet, émailleur d'art, m'a permis de découvrir une technique de création artisanale à la fois ancestrale et fascinante :

l'émail sur cuivre.

Retour sur ces quelques jours passionnants qui m'ont permis de réaliser, pas à pas, une plaque représentant Notre Dame des Victoires.

 

Tout commence par le dessin, à la pointe à tracer, de la forme de la plaque sur une feuille de cuivre de 0,3 mm d'épaisseur. Après la découpe à la cisaille, les bords sont limés et l'on procède ensuite au bombage homogène de la plaque, avec un brunissoir, pour lui donner de la rigidité. La plaque est ensuite dégraissée et plongée dans un mélange de vinaigre d’alcool blanc et de sel pour ronger les impuretés. 

Puis vient la pose du contre-émail, résidu noir de lavage d’émaux différents, des deux côtés de la plaque à émailler. Elle subit une première cuisson à 860-880°C. Ainsi, l’émaillage et le contre-émaillage compensent les forces exercées sur la plaque de cuivre par l’émail et évite l'oxydation du métal.

 

En prévision du motif, je pose ensuite le paillon d’argent, une feuille d’argent très fine, de quelques microns d’épaisseur, qui permettra de réfléchir la lumière au travers de l’émail. A son tour, le paillon est recouvert d'une couche de fondant.

L'étape suivante consiste à dessiner les contours à la plume : les traits noirs sont formés d'oxyde de manganèse, et les traits bleus d'oxyde de cobalt. Ceux-ci bénéficient d’une température de fusion bien supérieure à l'émail, ce qui fait que les traits ne bougent plus lors des cuissons ultérieures. 

 

Le plus long travail est d'appliquer l'émail en charge humide. La couche d’émail doit être la plus uniforme et homogène possible, les grains bien compactés, pour qu'en se rétractant l’émail ne produise pas de cratères après la cuisson. Les jonctions des couleurs doivent être propres et franches, et à chaque changement de teinte, le pinceau et les spatules sont rincés à l’eau déminéralisée, pour éviter les mélanges. La cuisson vient fixer l’ensemble.

Pour finir, les points lumineux sont marqués par du blanc de Limoges, et les ombres des carnations par du rouge capucine 22, tandis que certains détails sont rehaussés de quelques touches d'or liquide. La dernière cuisson est suivie d’un nouveau ponçage à la pierre abrasive pour enlever la calamine (oxyde de cuivre), et d’un ponçage plus fin à la fraise. Après de nombreuses heures de travail, la plaque est finie !

Enluminure et dorure à la feuille d'or

En juillet 2023, une session organisée à l'abbaye de Kergonan m'a permis d'apprivoiser

le savoir-faire de la dorure à la feuille d'or et de l'enluminure traditionnelle,

sous la direction de Cécilia Bernier (Atelier Pigments et merveilles).

Ces longues heures de patience, si apaisantes, m'ont donné d'enluminer

une lettrine "M" sur un dessin inspiré de Fra Angelico.

 

La première étape de la réalisation est celle de la dorure à la feuille d'or, sur un relief bombé. Pour obtenir cet effet, on couvre les zones voulues du parchemin par plusieurs couches de gesso, ou comme ici par de la colle Kölner Miniatum. Une fois que ce support est sec, la feuille d'or, de quelques microns à peine, est appliquée très délicatement par simple pression ; un passage circulaire d'un pinceau doux permet d'en retirer le surplus et d'en faire ressortir toute la brillance.

 

Puis vient la pose des couleurs. Chaque pigment a été au préalable soigneusement préparé par Cécilia, de façon traditionnelle : après un méticuleux broyage à la main, la poudre ainsi créée est amalgamée au liant, à savoir un mélange de blanc d'œuf, de gomme arabique et de fiel de bœuf.

La peinture à la tempera est appliquée par un principe de superposition. Après le traitement des grandes zones de couleur, les ombres sont soigneusement dessinées au moyen d'un pinceau d'une extrême finesse. Puis, en touche finale, les teintes plus claires viennent rehausser le tout et dessiner de derniers entrelacs.